Invités
Duan Tao, Li Kunming
Contexte de l'interview
Le Bureau de coordination de la santé publique, le Centre de contrôle et de prévention des maladies, ainsi que le Centre de médias fusionnés du district de Jing’an s’associent pour présenter la série d’émissions « Grande Médecine, Santé à Jing’an ». Cette édition est consacrée à l’infection à Chlamydia trachomatis au niveau de l’appareil reproducteur. L’animateur du Centre de médias fusionnés, accompagné de trois experts, apportera des explications pédagogiques et des conseils pratiques sur la prévention et le traitement de cette infection, afin de sensibiliser le public à l’importance de la santé reproductive.
Animateur :
Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans notre émission en direct « Grande Médecine, Santé à Jingting ». Aujourd’hui, nous avons le plaisir de recevoir deux invités de marque. Le premier est le professeur Duan Tao, chef du service d’obstétrique au Premier Hôpital de la santé maternelle et infantile de Shanghai, directeur de recherche en doctorat et scientifique en chef du Programme national de recherche et de développement. Bonjour, Professeur Duan !
Professeur Duan Tao :
Bonjour à l'animateur, bonjour à tous.
Animateur :
Nous avons également avec nous le Dr Li Kunming, directeur adjoint du service de médecine de la reproduction assistée au même hôpital, directeur de thèse en doctorat et membre de la section de médecine de la reproduction de l'Association chinoise des médecins. Bonjour, Dr Li !
Dr Li Kunming :
Bonjour. Bonjour également au Professeur Duan.
Animateur :
Aujourd’hui, nous allons aborder un sujet important : l’infection à Chlamydia trachomatis au niveau de l’appareil reproducteur. C’est un sujet que je connais assez peu, alors pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste cette infection ?
Professeur Duan Tao :
L’appareil reproducteur est une cavité naturelle en contact avec l’extérieur, ce qui le rend vulnérable aux infections, notamment celles qui sont sexuellement transmissibles. Cependant, pour les femmes, toutes les infections du tractus génital ne sont pas forcément liées à une transmission sexuelle, et Chlamydia trachomatis en est un bon exemple. L'une de ses particularités est qu’elle peut passer inaperçue, car beaucoup d’infections sont asymptomatiques. En tant que médecins, nous sommes particulièrement vigilants et recherchons ces infections lors des examens, mais dans la vie de tous les jours, le public en a encore une connaissance limitée.
Animateur :
La transmission peut-elle aussi se produire dans des lieux comme les douches ou les piscines ?
Professeur Duan Tao :
Il est possible que le partage de serviettes ou d'articles d'hygiène personnelle dans des douches communes soit une source de transmission, mais cela reste rare. La principale voie de transmission reste la voie sexuelle.
Animateur :
Je comprends, vous avez mentionné qu'il s'agit souvent d'une infection asymptomatique, c’est bien cela ?
Professeur Duan Tao :
Oui, nous parlons d'infection asymptomatique parce que plus de la moitié des personnes infectées ne présentent aucun symptôme. Cela dit, certaines personnes peuvent tout de même développer des symptômes. L'infection peut toucher le tractus urogénital et provoquer des infections urinaires. En cas d'infection vaginale, elle peut s’étendre au col de l'utérus, à l'endomètre, aux trompes de Fallope et même au pelvis. L'infection peut donc se manifester ou non par des symptômes, mais les cas asymptomatiques sont plus fréquents que pour d'autres infections.
Animateur :
Cette infection touche-t-elle davantage une tranche d’âge spécifique ?
Professeur Duan Tao :
Elle est liée au niveau d'activité sexuelle. Chez les femmes, l’incidence est plus élevée entre 20 et 30 ans, car c'est une période de vie où l’activité sexuelle est généralement plus intense.
Animateur :
Dans le cas des femmes, quels symptômes peuvent apparaître en cas d'infection ?
Dr Li Kunming :
S'il s'agit d'une infection à Chlamydia trachomatis, des symptômes peuvent apparaître dans les cas graves. Cependant, environ 50 % des infections sont dites silencieuses, c'est-à-dire qu'elles ne provoquent aucun symptôme évident. Par ailleurs, chez les patientes consultant pour des pertes vaginales anormales, nous pensons à cette possibilité et effectuons les examens nécessaires. Pour celles qui consultent pour d'autres raisons, notamment en cas d'infertilité, nous recommandons un dépistage microbiologique pour vérifier s'il s'agit d'une infection asymptomatique. Si une infertilité est effectivement liée à une infection non traitée à chlamydia, l’infection peut progresser et causer des dommages plus graves, comme une inflammation de l’endomètre ou des trompes de Fallope. Dans les cas sévères, cela peut provoquer une hydrosalpinx, c’est-à-dire une accumulation de liquide dans les trompes, ce qui peut avoir de lourdes conséquences sur la fertilité. D’où l'importance d’un dépistage et d’une prise en charge rapide.
Animateur :
Parmi les cas que vous avez rencontrés, y en a-t-il un qui vous a particulièrement marqué et que vous pourriez partager avec nous ?
Dr Li Kunming :
Oui, je me souviens d’une intervention réalisée dans un hôpital rural. La patiente souffrait d’un abcès tubaire associé à une forte inflammation, comme l’a évoqué le Professeur Duan. Elle présentait aussi une forte fièvre. Nous avons donc procédé à une intervention chirurgicale pour identifier l’origine de l’infection et les microbes. Les analyses ont révélé une infection polymicrobienne, et parmi les bactéries impliquées, nous avons détecté Chlamydia trachomatis. Ce cas était particulièrement marquant, car la plupart des infections à chlamydia sont asymptomatiques ou provoquent des symptômes très légers. Dans ce cas, les mauvaises conditions d’hygiène de la patiente favorisaient une infection sévère, entraînant un abcès tubaire, et Chlamydia en était l’un des principaux agents.
Professeur Duan Tao :
C’est un exemple rare, mais instructif. La plupart du temps, les infections de chlamydia passent inaperçues et ne provoquent pas de symptômes évidents. Ce n’est qu’à travers des examens microbiologiques que nous identifions cette chlamydia.
Animateur :
Je vois. Vous avez mentionné l’importance d’un dépistage précoce pour éviter ce genre de complications. À quelle fréquence recommandez-vous aux citoyens de réaliser un dépistage ou un contrôle préventif ?
Dr Li Kunming :
Nous recommandons aux femmes en âge de procréer ou ayant une activité sexuelle de réaliser un dépistage annuel. Pour certains groupes spécifiques, comme les personnes consultant pour des problèmes d'infertilité, il est important d’explorer différentes causes possibles. En général, les causes de l'infertilité se répartissent en trois catégories : un problème au niveau des trompes de Fallope, une anomalie dans le sperme du partenaire masculin, ou un dysfonctionnement de l’ovulation chez la femme. Lorsqu'aucune de ces causes n’est identifiée, il est recommandé de tester une éventuelle infection à Chlamydia trachomatis. Environ 10 % des cas d’infertilité sont qualifiés d’inexpliqués, c'est-à-dire qu'aucune cause évidente n'est identifiée. Dans certains de ces cas, des agents infectieux, comme Chlamydia, peuvent en être responsables. C’est pourquoi nous recommandons un dépistage de cette infection dans le cadre des bilans d’infertilité.
Animateur :
Je vois. Beaucoup de gens s’interrogent aussi sur les conséquences possibles d'une infection à chlamydia. Pouvez-vous nous expliquer en quoi les effets peuvent varier en fonction des personnes touchées ?
Professeur Duan Tao :
Comme l’a expliqué le Dr Li, chez les patientes consultant pour des problèmes d'infertilité, une infection à chlamydia peut jouer un rôle important. En obstétrique, nous nous concentrons surtout sur les risques liés à la grossesse. Une infection à Chlamydia trachomatis pendant la grossesse peut provoquer une vaginite, ce qui augmente le risque de rupture prématurée des membranes et d'accouchement prématuré. Un autre problème se pose si la mère est infectée au moment de l’accouchement. Si le bébé passe par les voies naturelles infectées, il court un risque accru de développer une conjonctivite ou une kératite. D’ailleurs, le nom complet de la bactérie, Chlamydia trachomatis, provient du trachome, une infection oculaire qu’elle provoque. Plus tard, on a découvert qu'elle pouvait également toucher le système reproducteur. Lorsqu’un nouveau-né est exposé à la bactérie lors de l'accouchement, le risque de conjonctivite est fortement accru. C'est pourquoi nous accordons une grande importance au dépistage de cette infection pendant la grossesse, afin de prévenir les complications pour la mère et l’enfant.
Animateur :
Je vois, et quels peuvent être les effets de cette infection sur les femmes en âge de procréer ?
Dr Li Kunming :
L’infection à Chlamydia trachomatis n’a pas d’effet direct sur l’ovulation, car elle touche principalement les tissus muqueux. Cependant, elle peut provoquer des lésions au niveau des tissus épithéliaux et engendrer des inflammations. Cela ne signifie pas que chaque femme infectée développera une infertilité, mais chez certaines, l'infection peut entraîner des inflammations graves. Par exemple, si l’infection affecte l’épithélium du col de l'utérus, elle peut provoquer une cervicite, ce qui rend le passage des spermatozoïdes, des ovules ou des embryons à travers les trompes de Fallope beaucoup plus difficile. De plus, une inflammation sévère des trompes de Fallope peut empêcher la rencontre entre les spermatozoïdes et les ovules, bloquant ainsi la formation de l’embryon. Même si la fécondation se produit dans la trompe, l’embryon doit ensuite s’implanter dans l’endomètre. Mais si ce dernier est touché par une infection, cela complique considérablement l'implantation. C’est comme si l’on essayait de cultiver une plante dans un sol salin : même si l’embryon est viable, il ne pourra pas s’implanter correctement en raison de la dégradation du tissu endométrial par l'infection. En résumé, l'infection peut affecter plusieurs étapes de la reproduction – depuis la rencontre des gamètes jusqu’à l’implantation de l’embryon – et ainsi entraîner une infertilité chez certaines femmes.
Animateur :
Nous arrivons à la fin de cette émission en direct. Avant de conclure, pourriez-vous partager quelques conseils avec nos spectateurs ?
Professeur Duan Tao :
Il est essentiel pour les femmes de préserver la santé de leur système reproducteur. Concernant Chlamydia trachomatis, les mesures de prévention sont similaires à celles d'autres infections sexuellement transmissibles. Il faut d’abord en être conscient et prendre cette infection au sérieux. Ensuite, le dépistage précoce est fondamental. Plus vite l’infection est détectée, plus tôt elle peut être traitée. Les moments clés pour se faire dépister sont les examens prénuptiaux, les consultations en vue d’une grossesse ou les suivis de grossesse. Ces contrôles réguliers permettent d’intervenir à temps et d’éviter des complications futures.
Dr Li Kunming :
En cas d'infection à Chlamydia trachomatis, il est important de la prendre au sérieux et de la traiter activement. Si vous êtes infecté, pas de panique. Il suffit de la traiter correctement. En parallèle, il est important d'adopter un mode de vie sain pour maintenir une bonne santé reproductive. Une prise en charge rapide est primordiale : une fois l'infection traitée, si vous avez un projet de grossesse, vous pouvez vous y préparer sereinement. Ce n'est pas parce que vous avez été infecté par chlamydia que vous ne pourrez pas concevoir. Il suffit de surmonter cet obstacle, et la grossesse pourra se dérouler normalement.
Animateur :
Merci à vous deux pour vos conseils et explications. Je suis certain que nos spectateurs ont maintenant une meilleure compréhension de l’infection à Chlamydia trachomatis. Nous vous encourageons à continuer d’interagir avec nous via le chat en direct. Encore un grand merci à nos invités, et à bientôt pour une prochaine émission !